Cyrhus
C’est au cours des années 2010 que le bel endroit s’impose, en même temps que le bon partenaire vigneron-œnologue. Depuis 2016, sur un coteau argilo-calcaire bien exposé, deux hectares de vignes prennent sereinement racine.
La renaissance ne pouvait être que le fruit du cépage Shiraz, éponyme de la ville des poètes Hafez et Saadi. Il confère au vin la puissance tannique nécessaire et lui procure une robe rouge intense aux reflets bleutés, deux couleurs hautement symboliques pour Cyrhus.
L’élevage est accompli en amphore de terre cuite, poreuse, aux caractéristiques analogues à celles utilisées par les vignerons de la période préélamite dans les hauts plateaux de Zagros.
Les recherches en archéologie moléculaire ont montrées que l’on retrouve de la résine de térébinthe, très proche de la résine du mastic de Chios, dans les toutes premières jarres portant des traces de vinification.
Le mastic de Chios a donc été utilisé pour recouvrir partiellement la face interne de l’amphore d’élevage. Cet apport permet de filtrer les échanges d’oxygène entre l’extérieur et le vin. A la dégustation, on peut le deviner car il apporte un infime arôme mentholé.
Associant le destin de CYRHUS au berceau millénaire du vin, Masrour Makaremi fait circuler un peu de chaque cuvée dans une amphore sassanide qui a renfermé du vin perse il y a quelque 17 siècles… Tout est ici symbole et science, art et œnologie.
L’histoire du Shiraz se confond avec celle de la Syrah. Shiraz est le nom donné à la Syrah en Iran et en Australie. Ce cépage compte bon nombre de synonymes, tels que Antournerein, Balsamina, Biaune, Candive Entournerein, Hermitage, Hignin noir, Marsanne noire, Petite Sirah, Petite Syrah, Plant de la Biaune, Sarine, Schirac, Schiras, Sereine, Serène, Serine, Shiraz, Shyraz, Sirac, Sirah, Syra, Syras, Syrrah…
Bien des récits ont entouré l’origine du cépage jusqu’en 2001. Pour les uns, il venait de la ville de Chiraz (Shiraz) en Iran, d’ailleurs il aurait été rapporté d’Iran en France par le chevalier Gaspard de Stérimberg qui se retira en 1224 sur les coteaux de l’Hermitage. Pour d’autres, ce serait l’empereur Probus qui aurait implanté ce cépage au III ème siècle pour permettre la reprise des plantations de vignes en Gaule. Il se dit même que les Romains, lors de leurs conquêtes, auraient apporté avec eux ce cépage depuis la ville de Syracuse au sud-est de la Sicile.
Une anecdote intéressante : en 1833, James Busby, un marchand australien, importa de la Syrah de la région de l’Hermitage. Il appela alors ce nouveau venu dans son pays le Scyras. Beaucoup pensèrent que c’était une faute d’orthographe mais, en relisant son journal, on s’aperçoit qu’il était tout à fait au courant de la légende perse. Il a simplement voulu que le nom de son cépage ressemble à celui de la ville de Chiraz en Iran pour mieux souligner son origine.
Ce n’est qu’en 2001 que l’ensemble des histoires d’origine ont été réfutées par des analyses génétiques qui prouvent que la Syrah est issue d’un croisement de deux cépages français très anciens de la vallée du Rhône : le Dureza et la Mondeuse Blanche.
DE CYRUS à CYRHUS
Masrour Makaremi est né à Chiraz (ou Shiraz), en Iran, au sein d’une famille engagée dans la défense des libertés individuelles et collectives du peuple iranien. Après l’emprisonnement puis le décès de sa mère, c’est à l’âge de 10 ans qu’il arrive en France, sa terre d’accueil, où il fait la connaissance de son père, Hassan, qui avait dû quitter l’Iran en 1979.
Après un parcours scientifique, Masrour s’est spécialisé en orthopédie dento-faciale et orthodontie. Aujourd’hui, il est à la tête d’un cabinet situé à Bergerac et développe en parallèle une start-up dédiée au développement de technologies d’intelligence artificielle au service de la médecine. En 2022, il a obtenu son doctorat en neuroscience cognitive.
Passionné par la Perse, il se consacre également à approfondir ses connaissances sur son patrimoine et à constituer une collection d’objets d’art ancien. Il aspire à voir renaître la culture dont il est l’héritier et à transmettre une partie de son histoire, de l’Histoire, au plus grand nombre. C’est de là que l’idée de CYRHUS est née.
Pour Masrour Makaremi, CYRHUS représente bien plus qu’un vin, c’est un acte militant. Un acte de résistance envers un régime qui en l’espace de quelques décennies a effacé des millénaires d’histoire vinicole. C’est le projet d’une vie, tourné vers l’avenir, dont la concrétisation ultime serait de voir replanter des vignes en Iran.
Chaque élément du flacon de Cyrhus résonne avec le patrimoine perse : le monument de pierre est celui de Cyrus le Grand, au cœur de la cité de Pasargades dans la province du Fars, le motif rayonnant reprend le dessin des rosaces de l’art décoratif et de l’orfèvrerie antiques. Le bleu de Perse intervient dans ses différentes déclinaisons : du bleu lumineux d’Ispahan au bleu intense de Chiraz.
Cyrhus est une cuvée produite en édition limitée, dont chaque bouteille est numérotée. Symboliquement, une partie du vin est versée dans une jarre de la période sassanide. Chaque bouteille de Cyrhus est unique et contient le témoignage symbolique de la Perse dont la terre est le berceau millénaire du vin.
Une robe à la couleur puissante et d’un rouge profond aux reflets bleutés. Les arômes sont marqués par l’olive verte et l’olive noire. Plusieurs épices sont présentes cependant que le safran domine. Un vin équilibré, aussi bien sanguin et puissant que frais et légèrement mentholé. On y retrouve une belle densité tannique, offrant une remarquable longueur en bouche. La finale est rafraîchissante avec une pointe acidulée. Un cru original, doté d’une forte personnalité, qui se déguste et se pense, comme une œuvre et un accomplissement.
- Encépagement : 100% Shiraz
- Age moyen des vignes : 7 ans
- Superficie : 2 ha
- Appellation : Vin de France